Qu’est-ce que la finance comportementale?

La finance comportementale étudie l’application de la psychologie à la finance et les effets des sentiments sur les décisions financières des individus. Bien que la plupart des investisseurs détiennent tous les renseignements en main pour faire des choix éclairés, ceux-ci réagissent souvent aux hauts et aux bas du marché en prenant des décisions émotives au sujet de leurs placements. Malheureusement pour eux, les émotions sont rarement bonnes conseillères et mènent à des décisions irrationnelles qui s’expliquent par des « biais comportementaux ».

Qu’est-ce qu’un biais comportemental?

Les biais comportementaux sont des formes de pensée qui dévient de la pensée logique ou rationnelle, et qui ont tendance à être utilisés de façon systématique par l’être humain dans diverses situations. Utile lorsqu'il faut porter un jugement ou prendre une décision rapidement, ce mode de pensée peut aussi être à l’origine d’une altération du jugement et d’un dysfonctionnement dans le raisonnement.

Les biais qui vous jouent des tours en période de volatilité boursière

Prenons le biais d’aversion à la perte. Saviez-vous qu’un investisseur ressent généralement une perte financière 2,5 fois plus durement qu’un gain de la même ampleur[1]? Pour certains, voir la valeur de leur placement diminuer jour après jour leur fait vivre un important sentiment d’inconfort et d’impuissance. Pour éviter ce sentiment désagréable, plusieurs prennent la décision de se retirer du marché lorsque celui-ci est à la baisse, et d’y revenir lorsqu'il est sur le point de culminer. Cela fait en sorte que l'investisseur est souvent mal positionné, et ce aux pires moments.

Arrive alors le biais de mimétisme, soit la tendance d’une personne indécise de se sentir rassuré de prendre la même décision que les autres. Comme la majorité vend lorsque l’incertitude s’empare du marché, une personne indécise est confortée de faire la même chose, se sentant moins seul dans sa décision. Malheureusement, en période de volatilité boursière, le troupeau fait souvent fausse route.

Un autre biais qui explique cette décision irrationnelle est le biais de récence. Il désigne la tendance à croire que les événements ou « patterns » que nous observons actuellement se perpétueront à l’avenir. Lorsque la bourse est en baisse, ce biais se caractérise par la croyance de l’investisseur que le marché va continuer de descendre sans espoir de relance. La vente de leur placement pour éviter des pertes subséquentes devient alors la seule décision logique pour eux.

L’importance de garder la tête froide

Croyant jouer de prudence, ces investisseurs se tirent plutôt dans le pied. La volatilité boursière ne signifie pas perte financière…sauf si vous vendez! Chaque génération fait face à des événements qui paraissaient souvent uniques et insurmontables, mais qui, d’un point de vue historique, ne le sont pas.

Entre 1900 et 2018, la bourse a subi de nombreux défis (grande dépression mondiale de 1929, deux guerres mondiales, guerre froide, assassinat d’un président, attentats du 11 septembre 2011, etc.). Et pourtant, une personne qui aurait investi 10 000 $ dans le Dow Jones en 1900 aurait un placement qui vaudrait aujourd'hui 3 299 039 $ [2]. Le marché est donc en mesure de poursuivre son ascension sur le long terme malgré les embûches qu’il rencontre.

Maintenir le cap et rester calme demeure la meilleure stratégie en période d’incertitude boursière. Prenons l’exemple d’un placement de 10 000 $ dans l’indice MSCI Monde du 31 janvier 2003 au 31 janvier 2018. Le rendement de ce placement peut grandement fluctuer selon le comportement de l’investisseur, qui est son pire ennemi en période de volatilité boursière[3] :


L'investisseur conserve ses placements sur toute la période: 31 564,50 $ (rendement annualisé: 7,96 %)

Se retire et manque les 10 meilleures journées de la bourse: 20 201,86 $ (rendement annualisé: 4,80 %)

Se retire et manque les 20 meilleures journées de la bourse: 15 224,15 $ (rendement annualisé: 2,84 %)

Se retire et manque les 30 meilleures journées de la bourse: 11 823,03 $ (rendement annualisé: 1,12 %)

Un investisseur présentant un biais de confiance excessive pourrait penser qu’en se retirant du marché lorsqu'il est en baisse, il ne manque pas les meilleures journées, mais évite plutôt les pires! Son flair lui permettra de revenir lorsque la bourse sera à la hausse pour ainsi saisir les meilleures journées. C’est loin d’être aussi simple. En effet, ces pires et ces meilleures journées à la bourse sont souvent très rapprochés et difficiles à anticiper. À titre d’exemple, sept des 20 meilleures journées des actions américaines depuis 1945 sont survenues lors des quatre derniers mois de la grande récession de 2008[4].


Personne ne peut voir l’avenir dans une boule de cristal, même les plus grands experts. Ce qui est pire encore, c’est d’agir comme si on le pouvait! Rester positionné est la façon la plus prudente de voir votre capital croître à long terme.

Votre conseiller financier : le phare dans la tempête

Nous savons qu’il n’est pas évident de garder la tête froide quand nous traversons de grandes périodes de volatilité boursière comme en ce moment avec la pandémie du COVID-19. Après tout, nos émotions font partie intrinsèque de nous, et en faire complètement abstraction relève de l’impossible. Votre conseiller financier a lui aussi des émotions, mais il est le mieux placé pour comprendre les biais comportementaux qui motivent vos craintes et pour vous aider à éviter des décisions irrationnelles. Votre conseiller est aussi en mesure de vous constituer un portefeuille qui reflète votre tolérance au risque et qui met la diversification à votre service.

Par Jérémie Lemieux
Conseiller en sécurité financière inscrit auprès de Gestion de Patrimoine Lemieux inc.


[1] KAHNEMAN, Daniel, et Amos TVERSKY,« Prospect Theory : An analysis of Decisions Under Risk », Econometrica, vol.47, no.2, p.263-91
[2]Source : Bloomberg L.P. au 31 décembre 2018. Exemple à titre indicatif, il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
[3]Source : MacKenzie, Morningstar au 31 janvier 2018. Exemple à titre indicatif, il n’est pas possible d’investir directement dans un indice.
[4]Source : Bloomberg L.P. au 31 décembre 2018